À propos

Je suis un pauvre type. Voilà, c’est dit. Il m’a fallu un peu de temps pour l’admettre, faut bien l’avouer. Et c’est tout juste si je commence à l’accepter, voire même à l’assumer.

Ça vous choque, que j’ose me qualifier ainsi ? Pourquoi donc ?

Je suis un type, sans rien de plus particulier qu’un autre type. Mais surtout, je suis pauvre. C’est là que l’insulte, sous-jacente, s’apprête à poindre. Que le mépris se rapproche insidieusement. Que l’exclusion sociale se met en branle.

Dans un monde dominé par l’argent, la reconnaissance, le droit même à l’existence n’est plus défini que par cette simple notion : ce que l’on nomme bien à tort la richesse.

Qui donc écouterait un « pauvre type » ? Qu’attendre de bon de lui ? A quoi bon même s’en préoccuper ?

Cette pauvreté, inutile de m’en plaindre, je l’ai choisie. Inconsciemment, bien sûr, mais j’en suis toutefois responsable :

  • Lors de la naissance de mon premier enfant, j’ai préféré m’occuper de lui, plutôt que d’aller travailler pour pouvoir payer une nounou.
  • Après un divorce douloureux éloignant mes enfants de 800 km de chez moi, j’ai préféré abandonner un poste bien payé pour me rapprocher d’eux, plutôt que de les abandonner.
  • Me mettant à mon compte, j’ai volontairement pris autant de vacances et de week-end que possible pour pouvoir m’occuper de mes enfants, au détriment de mon enrichissement financier.
  • J’ai osé, en temps que père, demander, pour leur bien, la résidence principale de mes enfants, ce qui m’a littéralement ruiné en procès et autres joyeusetés.
  • Actuellement heureux père de cinq enfants, je persiste à les placer en priorité, et à préférer m’occuper d’eux plutôt que de ne faire que travailler.

Cette liste, loin d’être exhaustive, prouvera bien à tout capitaliste qui se respecte, à quel point le salaud de RMIste que je suis n’a que ce qu’il mérite. Et que les aides sociales, pour lesquelles j’ai pourtant largement cotisé et que j’ose malgré tout réclamer, ne sont qu’une aumône que je n’ai en rien mérité.

Pauvre type je suis, pauvre type je resterais. Car je ne peux me résoudre à communier à cette course effrénée à la consommation, au détriment de tout ce qui, pour moi, compte vraiment.

Je partagerais ici mes coups de gueule inutiles, mais aussi les façons que j’ai pu trouver pour survivre à ce système capitaliste qui me semble de plus en plus désuet.

Puissent d’autres pauvres types y trouver un quelconque intérêt.